Pénurie de main d’oeuvre ou conditions de travail qui ne plaisent pas?

Pénurie de main d'oeuvre ou conditions de travail qui ne plaisent pas?

Un consortium d’entreprises et d’entrepreneurs sont sortis dans les médias pour crier au gouvernement qu’il y a actuellement une grave pénurie de main d’œuvre dans la province de Québec?

Mais comment peut-il y avoir une pénurie de main d’œuvre avec un taux de chômage à 5,6% au Québec?

Cela mérite d’être analysé.

C’est du côté du gouvernement du Québec en partie qu’on peut expliquer une cause. Par exemple, le gouvernement du Québec peine présentement à recruter des adjointes administratives, mieux connu par plusieurs comme secrétaires, classé 221 – Agente de secrétariat selon la classification gouvernementale des corps d’emploi au sein de sa fonction publique.

En consultant la dernière convention collective des fonctionnaires de l’État québécois via le site Internet de leurs syndicats, le SPGQ, on constate qu’à l’entrée en fonction, une secrétaire touchera 35 668$. Ramené à un taux horaire, c’est 19,42$.

Agent de secrétariat au gouvernement du Qiébec

Quel diplômé du CEGEP, veut travailler à ce salaire dans un environnement très bureaucratique?

Très peu. La plupart des finissantes du CEGEP se trouveront un emploi d’adjointe administrative à un taux horaire de 25 $ et plus dans une grande entreprise.

Que fait le gouvernement pour contrer cette pénurie dans laquelle il est plongée, car il est trop chiche pour augmenter le salaire initial de la classe Agente de secrétariat?  Ils donnent les mêmes tâches à des Techniciennes en administration au sein de son organisation. Ces techniciennes, selon leur ancienneté, sont souvent payées à plus de 25 $ de l’heure.

Le gouvernement fait donc fasse à une fausse pénurie de main d’œuvre pour recruter des agentes de secrétariat, il n’aurait qu’à augmenter le salaire initiale à 25 $ de l’heure et le tout rentrerait dans l’ordre. Sauf que si le gouvernement fait cela, il devra alors augmenter aussi toutes les classes d’emploi professionnelles de sa fonction publique, car la plupart de ses professionnels gagnent 25 $ de l’heure à l’entrée. Il ne faudrait tout de même pas qu’un diplômé du CEGEP gagne plus qu’un diplômé universitaire à l’entrée dans un poste au sein de la fonction publique québécoise. D’où probablement le fait que le gouvernement ne hausse pas le salaire de la classe agent de secrétariat. Sauf que, tôt ou tard, il n’aura pas le choix. Il ne pourra pas toujours appliquer la magouille administrative de confier des tâches de secrétariat à des employés qualifiés pour faire des tâches, par exemple, de comptabilité.

Nous avions couvert ce sujet dans notre blogue en 2018 Pénurie de main d’œuvre ou salaire offert trop bas?. Il semble que trois ans plus tard le problème salarial persiste pour attirer des emplois.

Nous savons et comprenons qu’il y a des problèmes outre le salaire pour attirer de la main d’œuvre en région. Nous avons vu récemment au McDonald’s d’Amqui sous l’enseigne aux arches jaunes, qu’ils offraient 18 $ l’heure pour recruter. Ce qui est largement au-dessus du salaire minimum actuel de 13,50 $ de l’heure au Québec.

Mais voilà que depuis mars 2020 le Québec est en pandémie à cause de la COVID-19. Les mesures sanitaires instaurées par le gouvernement n’aident  en rien les employeurs dans leur processus de recrutement.

Par exemple, prenons le cas du McDonald’s d’Amqui. Est-ce un problème de salaire ou justement de mesures sanitaires strictes? Qui voudrait travailler à flipper des hamburgers avec un masque sur le visage durant tout son quart de travail?

Autre point, durant cette pandémie qui n’en finit plus, les restaurateurs ont vu leurs salles à manger être fermées à plusieurs reprises. Ce n’est pas un secteur très rassurant à travailler pour un employé. Ëtre menacé ainsi à tout moment de perdre son emploi à cause de la Direction de la Santé Publique du Québec. Cela n’est donc pas surprenant que dans les zones touristiques de Montréal, Québec, de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent que les restaurateurs peinent à recruter cuisinier, serveurs et plongeurs.

Au moment de notre publication sur la pénurie de main-d’œuvre en 2018, le taux de chômage au Québec était de 5,3%. Il est maintenant de 5,6%,

Rien ne peux donc expliquer une pénurie d’emploi avec un taux de chômage aussi élevé. Nous sommes loin du plein emploi au Québec. Avec un taux de chômage sous les 3,25% nous y croirions, mais pas à 5,6%.

Nous comprenons qu’il existe une pénurie d’emploi pour certains métiers très spécialisés et aussi dans certaines régions du Québec.

Si comme employeur vous peinez à recruter un travail de journalier dans une usine pour un salaire de 20 $ l’heure, c’est probablement que vous devez offrir des conditions de travail lamentables ou qu’il n’y a plus de jeunes dans votre région.

De nos jours avec Internet, les candidats qui se cherchent un emploi sont bien renseignés. Via Google et des sites Internet comme GlassDoor, ils amassent beaucoup d’informations sur l’entreprise qui recrute. Il est même parfois très facile d’obtenir des informations sur le climat de travail actuel au sein de l’entreprise.

Un bel exemple de climat malsain actuellement est le réseau de la Santé publique du Québec. Ce dernier peine à recruter des infirmières et des préposés aux bénéficiaires. Il n’y a pas pénurie de main-d’œuvre dans le réseau de la Santé publique du Québec dans le sens qu’il y en a plus à recruter. Non, il y en a à recruter, mais elles ne veulent pas y travailler. Il y a un climat de travail malsain dans plusieurs institutions du réseau de la Santé publique au Québec. Dans certaines installations, les gestionnaires obligent les infirmières à faire des heures supplémentaires. Pour une jeune infirmière qui veut fonder une famille ou qui a déjà de jeunes enfants, ce n’est pas un milieu très attirant à poursuivre sa carrière si elle ne peut avoir du temps de qualité avec ses enfants après son quart de travail de 7 ou 8 heures. Certaines décrochent donc du réseau de la Santé publique du Québec et vont déménager en Ontario où les conditions de travail sont meilleures. Certaines réorientent même leur carrière.

Autre élément qui n’aide pas à recruter pour certains employeurs. Les jeunes ont une conscience environnementale plus élevée pour la plupart que les travailleurs des autres générations. Donc, si vous êtes un employeur qui pollue beaucoup, certains jeunes seront réticents à déposer leur candidature au sein de votre entreprise car ils ne veulent pas y être associés.

Nous croyons chez Job au Québec que la pénurie de main-d’œuvre à laquelle des employeurs veulent nous faire croire est fausse. Elle est réelle pour certains corps d’emploi et dans certaines régions de la province, mais, elle est globalement fausse.

Il serait important que les médias de masse fassent leur travail de même que les médias spécialisés en économie. Ces derniers se doivent d’expliquer à la population la situation actuelle de l’emploi au Québec avec un taux de chômage à 5,6%. Plutôt que de mal informer la population et d’abaisser le moral de la société en faisant croire à une pénurie de main-d’oeuvre, les employeurs et les médias devraient dire la vérité telle qu’elle est.

Vieillissement de la population

Nous comprenons qu’il y a vieillissement de la population au Québec, mais avec un taux de chômage à 5,6%, cette pénurie de main-d’œuvre n’est pas réelle, du moins, aucunement alarmante, comme certains veulent nous laisser croire.

Le Japon, qui est l’un des pays dans le monde le plus affecté par le vieillissement de sa population fait face à tout un problème de pénurie de main-d’œuvre. Mais son taux de chômage est à 2,8%. C’est tout à fait différent de la situation qui prévaut au Québec.

Certaines entreprises japonaises ont dorénavant fixée l’âge de la retraite à 80 ans. C’est un peu extrême comme mesure, mais est-ce que le Québec peut s’en inspirer et faire passer graduellement l’âge de la retraite à 71 ans ou 73 ans? Dans les grandes entreprises du Québec et dans le secteur public, cela serait difficile à établir avec la force syndicale en place.

De plus, il ne faut pas perdre de vue que l’instauration du Régime québécois d’assurance parentale en 2001 au Québec n’a presque rien donné. Le taux de natalité était en 2000 de 9,8 naissances par 1000 et en 2019 il est de 9,9 naissances par 1000. Si 20 ans de ce régime n’ont pas permis de hausser le taux de natalité au Québec, il y a peut-être lieu de regarder de ce côté de la part du gouvernement, de se questionner et arriver avec des solutions valables.

Salaire minimum à 20$ de l’heure

Il y a aussi certains groupes syndicaux québécois qui croient qu’en réclamant une hausse du salaire minimal à 18,00 $ l’heure, certains réclament même 20 $ l’heure, que cela va régler en partie le problème de recrutement de certains employeurs., Malheureusement, cela ne va rien changer sinon que de créer de l’inflation au sein de la société québécoise et de rendre la vie entrepreneuriale plus difficile à certains dirigeants d’entreprises qui verront fondre leurs profits, ce qui va réduire leur possible expansion et éventuellement même, voir les pertes arrivées et l’obligation de fermer l’entreprise.

Des solutions

Comme solutions pour faciliter le recrutement, Job au Québec propose aux entreprises québécoises d’offrir à leurs employés de bonnes conditions de travail, un bon climat de travail. Le salaire ce n’est pas uniquement ce que recherche les employés. Un bon climat de travail et de bonnes conditions de travail aident davantage à recruter.

Comme autre solution, nous proposons que le gouvernement du Québec soit moins strictes dans ses mesures sanitaires dans l’actuel pandémie de COVID-19. Il peut prendre exemple sur la Floride qui depuis quelques mois, avec une population de 2,5 fois supérieure au Québec, a un taux de nouveaux cas quotidien de coronavirus bien similaire à la province de Québec. En Floride il y a maintenant beaucoup moins de mesures sanitaires, par exemple, le port du masque n’est plus exigé dans les endroits publics intérieurs.

Au point de vue économique, nous souhaitons que le gouvernement du Québec s’immisce le point possible dans l’économie de la province que ce soit par forme de subventions. Ces subventions tendent parfois à déséquilibrer le marché de l’emploi. Les entrepreneurs sont là pour créer des emplois, s’ils ne parviennent plus à recruter, il peut y avoir une contraction normale du taux d’entreprises dans la province et en voir certaines déménagées ailleurs. Si par exemple une entreprise ne peut plus s’adapter au marché québécois, peut-être qu’elle est devenue caduque pour ce marché et qu’elle doit aller voir ailleurs. C’est juste économique, rien de personnel pour le Québec.

Comme autre solution Les entreprises du Québec devrait aussi penser à se moderniser. La robotisation peut être une solution. La coopération aussi. Par exemple, certains restaurateurs se plaignent de ne pas pouvoir recruter de livreurs. Pourquoi qu’un regroupement de restaurateurs ne créerait pas une coopérative de livreurs qui serait à leur service. L’innovation peut aussi sauver des entreprises ou encore de les aider à croître.

Finalement, il est possible d’augmenter le seuil d’immigration pour la province de Québec et d’attiirer ainsi une nouvelle main-d’oeuvre. Toute personne logique est en faveur d’augmenter l’immigration, dans la mesure où cette population immigrante est en santé, instruite, qu’elle aura de la facilité à s’intégrer au Québec et qu’elle pourra combler des emplois. À titre d’exemple, rien ne sert d’importer de la main d’oeuvre diplômé en informatique ou en droit si ce sont des médecins et des chmistes dont nous avons besoin. Il est important que le gouvernement garde équilibré les différents secteurs d’emplois afin de ne pas créer un surplus de main-d’oeuvre dans un secteur donné.

 

 

 

 

 

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