Au Québec, plus d’un million de salariés dépendent de l’État. Dans un article du mois d’avril dernier, le journaliste Michel Girard faisait le constat du nombre de salariés qui ont comme employeur un État, que ce soit fédéral, provincial ou un gouvernement municipal. Ce nombre était de 1 001 900 salariés. Le nombre de ces salariés inclut aussi les travailleurs des sociétés d’État en sol québécois tel que la SAQ, Postes Canada, Hydro-Québec, Loto-Québec, les corps policiers, les sociétés de transport public et bien d’autres sociétés d’un État.
Selon Statistique Canada, il y a 3,4 millions de salariés au Québec, et ce, sur une population de 8,485 millions. C’est donc dire que 29% de ces salariés dépendent d’un État.
Mais il y a pire, et c’est là que ça devient très alarmant pour le Québec. Nous avons poussé plus loin l’analyse trop succincte de Michel Girard.
Des 2,4 millions de salariés qui n’ont pas un État comme employeur, il y a bon nombre de ces salariés qui dépendent des contrats d’un État, d’une subvention ou d’un prêt d’un État ou encore de crédits d’impôts d’un État ou des commandites d’un État.
Par exemple, une entreprise d’asphaltage qui refait le pavé d’une route, l’entreprise qui a le contrat de buanderie d’un hôpital, un fournisseur de cuivre d’Hydro-Québec, tous ces employés dépendent des contrats octroyés par un gouvernement provincial ou d’un gouvernement municipal.
Un document du Conseil du Trésor du Québec pour l’année 2017-2018, faisait le constat que le gouvernement du Québec a octroyé pour 11,8 milliards de contrats supérieurs à 25 000$ durant cette année financière. De ces sommes, les commandites n’y sont pas.
En analysant ce chiffre de 11,8 milliards, il est facile de calculer que ce montant est assez pour payer le salaire de près de 225 000 personnes en calculant un revenu annuel de 50 000$.
Bien sûr, de ces 11,8 milliards de dollars, ce ne sont pas que des contrats en échanges de services qui sont octroyés, mais également l’acquisition de biens tels que véhicules, ordinateurs, cellulaires, etc…. Justement, derrière ces véhicules, ordinateurs, cellulaires, il y a des gens. Par exemple, combien de travailleurs chez Rogers, Bell, Telus ou Vidéotron dépendent de ces cellulaires acquis?
11,8 milliards, uniquement que pour le gouvernement du Québec. Si on ajoute les contrats des grandes villes de la province ainsi que des sociétés d’un État, en plus des contrats octroyés par les entités du gouvernement fédéral au Québec, cela se chiffre facilement à un montant supérieur à 9 milliards.
Donc au total, plus de 20 milliards de dollars, assez pour faire travailler 400 000 personnes au Québec. Un estimé très conservateur.
Ensuite, les subventions. Combien de fois par an nous lisons un article de journal rapportant le versement d’une subvention du gouvernement fédéral ou provincial? Bombardier, par exemple. Combien d’emplois annuellement chez Bombardier dépendent de subventions d’un gouvernement? Difficile à calculer. Chez CAE, Lion Électrique, Paccar, combien d’emplois dépendent des subventions? 50 000, 125 000, 250 000? Disons 50 000, un estimé encore une fois très conservateur.
Il y a aussi les prêts et les investissements des gouvernements dans des sociétés. Combien d’emplois au Québec dépendent des investissements de La Caisse de Dépôts et Placement du Québec ou d’Investissement Québec? On ne sait pas. 15 000, 25 000, 50 000 salariés? Disons 25 000, c’est très conservateur.
Combien des prêts octroyés sans intérêt ou à faible intérêt à des sociétés québécoises par les gouvernements font vivre des salariés? Encore une fois, c’est difficile à calculer. 5 000, 15 000, 25 000, 50 000 salariés? Disons 25 000. C’est encore une fois très conservateur pour l’ensemble de la province de Québec.
Puis, les crédits d’impôts. Combien de salariés au Québec dépendent des crédits d’impôts. Juste à Montréal il y a plus de 15 000 emplois dans le secteur du jeu et du multimédia qui bénéficient et plus que la grande majorité des entreprises qui les embauchent reçoivent des crédits d’impôts. Combien pour le Québec au complet. 35 000, 50 000, 75 000? On ne sait pas. Disons 25 000, un chiffre très conservateur. Ensuite les crédits d’impôts pour les films, les crédits d’impôts des organismes religieux. La liste est longue. Combien d’emplois au Québec dépendent de ces crédits d’impôts? Difficile à calculer. Disons un 10 000 salariés additionnels qui inclus acteurs, personnels de studio ainsi que toutes personnels religieux au travers de la province.
Maintenant, les commandites. Combien d’emplois dépendent de publicités d’un État. Que ce soit Hydro-Québec qui commandite un festival ou Loto-Québec qui commandite un événement? Une société de transport comme à Montréal qui tapissent les abribus de la ville, et les stations de métro de publicités pour ses propres services. Le gouvernement du Québec qui achètent des publicités pleines pages dans des journaux de la province. Combien d’emplois au Québec dépendent de ces commandites? Difficile à calculer. Nos estimés sont entre 15 000 et 75 000 personnes, évidemment pas tous des salariés à temps plein vu la courte durée des festivals ou des tournois de hockey. Mais comme le gouvernement ne fait pas la distinction entre les salariés temps plein et les temps partiel, aussi bien faire de même. Disons que les commandites touchent 25 000 salariés au long de l’année.
Ensuite, les emplois indirects. Combien d’emplois indirects au Québec dépendent d’un État. Par exemple, un emploi indirect, c’est le petit café installé à proximité d’une tour de bureaux d’employés de l’État qui embauchent 8 personnes. Sans la tour de bureaux, le commerce ne serait pas viable. Combien d’emplois indirects ainsi au Québec?
Combien de ces petites et moyennes entreprises dont la profitabilité dépendent indirectement d’un État existent au Québec? Il est facile de croire que pour chaque salarié de l’État, un emploi salarié est maintenu au Québec. Cela passe de la serveuse au petit café non loin d’une tour de bureaux de fonctionnaires, des emplois subventionnés et des contrats octroyés. Donc cela signifie 1 million d’emplois salariés indirects.
Donc, finalement, combien d’emplois au Québec dépendent de l’argent d’un palier de gouvernement? Nous estimons à 1 560 000 salariés. Le tout en étant très conservateurs. Donc sur les 3.4 millions de salariés au Québec. 1 million travaillent pour un État, 1.5 million dépendent d’un État pour diverses raisons énumérées plus haut. C’est donc au total 2 060 000 salariés qui dépendent directement ou indirectement de l’État au Québec. Ce qui signifie 60,5%.
Nous pouvons donc en conclure que la taille des États est trop grandes ainsi que la portée trop grande du rôle de ces États. Par exemple, sans entrée dans le trop politique, est-il justifié en 2021 que l’État fournisse un service de télé tel que Radio-Canada et Télé-Québec. Le rôle de l’État n’est-il pas de fournir un service essentiel? Est-ce essentiel un service de télé fournie par l’État en 2021? Nous n’avons pas la réponse à ces questions, mais nous les posons.
Quand on sait que l’État fédéral et celui du Québec font à chaque année déficits sur déficits en plus d’emprunter des sommes colossales, il y a lieu de s’alarmer pour le futur des salariés du Québec et de se questionner du rôle important de l’État dans l’économie québécoise.
Noter que dans le texte, les salariés sont considérés comme des travailleurs recevant un salaire aux deux semaines. Les travailleurs autonomes ne sont pas inclus dans ces chiffres.